23 juillet 2025
15 juillet 2025
Le pingouin - Andreï Kourkov
Premier roman d'Andreï Kourkov, écrivain ukrainien de langue russe, qui connut dès sa publication un succès international. C'est aujourd'hui un auteur très populaire qui a notamment remporté le prix Médicis étranger en 2022 avec Les abeilles grises, dont la trame s'insipire en partie du conflit opposant la Russie et l'Ukraine.
C'est la prémisse étrange du livre qui m'a d'abord attiré. Victor Zolotarev, un écrivain raté, héberge dans son petit appartement de Kiev un pingouin qu'il a adopté, on ne sait trop pourquoi, du zoo local. Pour gagner sa vie, Zolotarev accepte un contrat suprenant d'un journal, on lui demande d'écrire la notice nécrologique de personnes encore vivantes selon des indications précises. La publication de ces "petites croix", comme il les appelle, aura des impacts étonnants.
Les situations absurdes s'accumulent ainsi pendant tout le récit, sans que le personnage s'en étonne pour autant. On lui a dit de ne pas poser de questions, on le paie très bien pour son travail, il se contente alors de répondre aux exigences de son patron sans plus.
Les situations sont cocasses et étonnantes, on aurait pu s'attendre à un récit plus échevelé, plus humoristique, mais finalement la vie de Zolotarov, malgré tous ses rebondissements, se révèle plutôt routinière. Le personnage éprouve peu de sentiments et reste détaché de sa propre vie, ce qui relève évidemment aussi de la construction absurde du livre.
Le roman se lit bien, les chapitres sont courts et l'efficacité du récit reposant notamment sur l'accumulation d'événements bizarres font sourire et nous entraine à poursuivre toujours plus loin notre lecture. Et à la fin, dans un dénouement très bien ficelé, on nous dévoile (même si on l'avait un peu deviné auparavant) toutes les coulisses derrière la publication des "petites croix".
Peut-être pas une lecture aussi légère qu'anticipée, mais une lecture qui reste agréable et divertissante.
Le pingouin, Andreï Kourkov, Liana Levi éditeur, 273 pages, parution originale 1996.
10 juillet 2025
Nouvelle acquisition
Les deux premières œuvres de Claude Simon
enfin rééditées aux Éditions de Minuit !
Comme j’ai fait mon mémoire de maîtrise sur son roman « L’acacia », j’ai déjà lu l’intégralité de son œuvre (dont j’ai acheté les deux tomes de La Pléiade), il me restait à lire ces deux romans que je me suis procuré aujourd’hui.
Claude Simon (1913-2005), auteur français souvent associé au Nouveau roman, a remporté le Prix Nobel de littérature en 1985. Son roman le plus connu est La route des Flandres (1960), mais si vous voulez plonger dans son oeuvre, je ne vous conseille pas de commencer par ce livre, essayez plutôt Histoire (1967), Les Géorgiques (1981) ou L'acacia (1989) qui sont plus "accessibles".
L'écriture de Simon, réputée assez difficile, faite de longues phrases comprenant parfois de longues parenthèses qui s'étirent sur plusieurs pages, demande une certaine concentration, mais après quelques pages, on s'habitue au rythme.
Simon est un témoin privilégié du XXe
siècle : son père est disparu pendant la Première Guerre mondiale, il a
participé aux troubles en Espagne dans les années 30 et il était dans la
cavalerie française pendant la Seconde Guerre mondiale.
17 juin 2025
12 juin 2025
Nouvelles acquisitions
La réception dithyrambique du nouveau roman de l'écrivain québécois Philippe Yong m'a vraiment donné le goût de me procurer ce livre, qui semble pas mal correspondre à mes goûts, notamment par la thématique du décrochage numérique.
Le nouveau Marie-Andrée Gill est un incontournable pour moi, ses précédents recueils -Béante (2012), Frayer (2015) et Chauffer le dehors (2019) - sont de petits bijoux, je ne doute pas que celui-ci sera à la hauteur. Et bel adon, juin est le mois pour découvrir la littérature autochtone. N'hésitez pas à visiter vos librairies indépendantes, plusieurs ont mis en valeur les livres de ces auteurs souvent méconnus.
Le livre de Heinich est une réédition, mais je ne l'ai jamais lu. Les entrevues avec plusieurs créateurs qui parlent de leur processus rejoindront sûrement mes intérêts.
10 juin 2025
Lecture en cours - littérature française contemporaine
Roman léger et agréable. L'histoire d'une coiffeuse qui entreprend la lecture d'un livre oublié par un de ses clients.
Cette lecture changera sa vie amoureuse et professionnelle et son coup de coeur nous donnera le goût de lire ou de relire ce grand classique de Proust. Ayant été moi-même profondément bouleversé par ma lecture de l'intégrale de La recherche du temps perdu (2400 pages dans l'édition Quarto) à l'occasion d'un cours que je suivais à l'UQAM en 2010, j'ai évidemment accroché aux émotions ressenties par Clara.
En le lisant, je faisais contamment une association entre Clara et Amélie Poulain.
Pour lire le premier volet de la Recherche
Si vous êtes un peu fou et que vous voulez plonger dans l'intégrale :
6 avril 2025
La part de l'océan - Dominique Fortier
Dominique Fortier est une autrice et
traductrice dont la réputation n'est plus à faire au Québec. Ses oeuvres
ont été maintes fois et nomination pour des prix et elle a déjà reçu des
reconnaissances prestigieuses pour son oeuvre (Gouverneur général, Renaudot de
l'essai).
Pour son dixième livre, encore une fois,
elle réussit à nous séduire en mélangeant (un peu comme Victor-Lévy Beaulieu
avec son Melville) la fiction et l’essai pour nous plonger
dans les arcanes de la création littéraire. Ce faisant, elle nous donne le goût
de lire (ou relire) Moby Dick, ce grand classique de la littérature
américaine.
Chaque fois que je lis Fortier, l’étendue
de ses connaissances encyclopédiques et linguistiques me surprend et je ressors
de ma lecture avec l'impression d'être plus intelligent.
La
part de l'océan (2024) - 328 pages - Alto
22 mars 2025
20 mars 2025
21 février 2025
20 février 2025
14 février 2025
3 janvier 2025
20 novembre 2024
L'enragé - Sorj Chalandon - Grasset
Dans les années 30, à Belle-Ile-en-mer en Bretagne, plusieurs enfants vivent dans ce qu'on appelle une colonie, mais qui en fait un véritable bagne. Les conditions de vie y sont misérables, les enfants sont battus, maltraités et entre eux la loi du plus fort s'applique sans émotion.
Le début du roman est lent et un peu aride. On assiste à la vie quotidienne de la prison, les noms se multiplient, les termes maritimes et certaines références historiques ralentissent la lecture. La routine devient un peu ennuyeuse, la violence scandaleuse, mais cela s'harmonise tout à fait avec le propos du texte.
Dès que survient l'émeute et l'évasion, le
rythme s'accélère et la véritable histoire commence, celle de Jules Bonneau qui
doit vivre dans la clandestinité, au sein d'une nouvelle famille qui lui
apprend sinon l'amour, du moins la confiance.
Le destin de Bonneau est pénible, la haine
reste toujours ancrée profondément en lui, et sa conversion n'est pas simple.
Basée sur des faits historiques, le récit
fascine et laisse des traces dans la tête du lecteur. Toute cette souffrance,
toute cette violence, toute cette impuissance.
C'est un beau roman, un peu lent dans sa
progression, mais qui vaut vraiment la peine d'être lu.
Et si vous voulez mieux connaître
Chalandon, n'hésitez pas à lire Le quatrième mur et Profession du père, deux
autres excellents romans.
L'enragé (2023) - Sorj Chalandon - Grasset - 403 pages
22 octobre 2024
Prix Ringuet 2024
L'académie des lettres du Québec vient de
dévoiler les finalistes pour le prix Ringuet, qui récompense depuis 1983 un
roman ou un récit de grande qualité.
Les trois oeuvres en lice cette année sont
:
Pascale Beauregard Muette (Boréal)
Louis-Daniel Godin Le compte est
bon (La Peuplade) - le livre a aussi été réédité dans la collection Bibliothèque québécoise, en format poche
Audrée Whilelmy peau-de-sang (Leméac)
16 mai 2024
Chaque blessure est une promesse - Simon Brousseau - Héliotrope
Splendide roman sur la perte d’autonomie, sur la maladie (SLA) et sur la mort du père. J’ai pleuré, beaucoup.
#littqc #littérature #littératurequebecoise #littératurequébécoise #simonbrousseau #heliotrope
Chaque blessure est une promesse (2023) - Simon Brousseau - Héliotrope - 210 pages
8 février 2024
Prix des libraires 2024 - dévoilement
Les oeuves finalistes pour les prix des libraires sont enfin dévoilées !
Plusieurs belles découvertes en perspective.
20 janvier 2024
Les marins ne savent pas nager - Dominique Scali - La Peuplade
Véritable voyage dans l’imaginaire, ce roman possède peu de comparables en littérature québécoise. C’est une bonne brique, oui, mais le sujet mérite un tel déploiement et permet une réelle plongée dans le fabuleux univers maritime de l’ile d’Ys.
Au début du livre, une carte géographique
des lieux fictifs et une ligne temporelle annoncent la profonde originalité de
l’univers du roman ainsi que sa cohérence. Certains lecteurs pourraient être au
premier abord désemparés par cette plongée dans l’inconnu, mais il faut
accepter de se laisser guider par le récit, comme on se laisse porter par les
vagues de la mer. Et on finit par comprendre, reconnaître et s’habituer aux
références du texte.
Si on annonce dès le début que le récit
vise à reconstituer la vie de Danaé Poussin, c’est tout le fonctionnement de la
société yssoise de cette époque (fin du XVIIIe siècle ?) qui est finalement
décrite. Car les personnages s’accumulent tout au long du livre, dans une
galerie riche et impressionnante qui révèle toutes les tensions qui existent
entre les habitants privilégiés, qui vivent à l’abri derrière les murs de la
cité, et les autres, qui doivent survivre sur les rivages inhospitaliers de
l’île.
La maîtrise du métalangage maritime de
Scali est hallucinante. Les descriptions des navires, des manœuvres maritimes
et de la mer reflètent un travail de recherche colossal et une connaissance
pointue du sujet abordé par l’autrice. Si j’ai souligné souvent des termes dont
la signification m’échappait (tillac, lamanage, caboteur, tourmentin, foc,
lof…), il ne faut pas voir ce vocabulaire comme un obstacle à la lecture, mais
comme un élément essentiel au décor. La mer est un des sujets principaux du
roman, on en découvre toute la beauté, mais aussi toute la fureur. La mer donne
beaucoup aux pêcheurs, mais elle prend souvent aussi aux familles vulnérables.
Le premier opus de Scali, À la recherche
de New Babylon (2015), un roman-western, mérite lui aussi le détour si vous ne
l’avez pas déjà lu. Et c’est certainement une autrice que je suivrai dans les
prochaines années.
Les marins ne savent pas nager (2022) – Dominique Scali - La Peuplade - 708 pages
Le livre est aussi disponible en deux tomes, chez Folio
17 décembre 2023
Nathan - Marie-Ève Nadeau - Mains libres
Ce roman, à travers la vie de l’anthropologue Nathan Rosenthal, nous propose un
merveilleux voyage en Haïti.
Les aventures de ce personnage sont
d’ailleurs à l’image de l’histoire de ce pays, chaleureuses, excentriques et
tumultueuses. Fils d’un musicien new-yorkais d’origine juive et d’une mère
d’origine haïtienne, Nathan s’installe sur la perle des Antilles pour ses
recherches universitaires et n’en repartira plus qu’épisodiquement. Le roman
raconte les différentes vies de Nathan, surtout axée autour des femmes qui
l’ont toutes aidé à rendre sa vie plus agréable, plus supportable, sa mère, sa
fille, ses conjointes…
Vieillard aigri et alcoolique, le personnage aurait pu n’être qu’une caricature
de personnages rencontrés cent fois ailleurs, mais non. Au fil des pages, la
narratrice dévoile l’humanité et la fragilité de cet homme qui souffre avec le
peuple qu’il a appris à connaitre et qui l’a adopté. Ce peuple qu’il a essayé
d’aider du mieux qu’il le pouvait toute sa vie, sans jamais y parvenir
suffisamment à son goût.
Cette humanité, elle parait aussi chez
tous les autres personnages du récit, présentés avec empathie et tendresse dans
toute leur imperfection. On sent là chez l’autrice un profond amour des autres,
un désir sincère d’aller vers elles et eux pour les écouter.
Le récit fragmenté, habilement construit et parsemé de références qui se
croisent entre les différentes parties, dévoile les péripéties du personnage,
mais raconte aussi l’histoire de ce jeune pays. Et ce tableau se construit par
fines touches subtiles, avec des références historiques qui servent le récit
(l’indépendance, l’esclavagisme, le régime Duvalier, les tontons macoutes, le
goudougoudou de 2010…), plutôt que de l’alourdir. Les passages en créole et les
allusions au vaudou accentuent aussi ce portrait, sans jamais tomber dans
l’exotisme gratuit et racoleur. Tout est fait avec délicatesse et sensibilité.
Pour un premier roman, c’est une réussite.
P.S. : On pourra me reprocher de ne pas être objectif ici, puisque l'ouvrage
est publié par la maison d'édition qui me publie aussi, mais je ne m'en cache
pas.
Nathan (2023) – Marie-Eve Nadeau - Éditions Mains libres - 218 pages
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Avec ses superbes dessins crayonnés, cette BD mérite toute l'attention qu'on lui a accordée (prix des libraires 2020). Le jeu d'...
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Premier roman d'Andreï Kourkov, écrivain ukrainien de langue russe, qui connut dès sa publication un succès international. C'est auj...
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Encensé par la critique et déjà récompensé par plusieurs prix (Prix des libraires 2024, Grand Prix Québec BD Bédéis causa 2023 et Prix BD de...