Ce roman, à travers la vie de l’anthropologue Nathan Rosenthal, nous propose un
merveilleux voyage en Haïti.
Les aventures de ce personnage sont
d’ailleurs à l’image de l’histoire de ce pays, chaleureuses, excentriques et
tumultueuses. Fils d’un musicien new-yorkais d’origine juive et d’une mère
d’origine haïtienne, Nathan s’installe sur la perle des Antilles pour ses
recherches universitaires et n’en repartira plus qu’épisodiquement. Le roman
raconte les différentes vies de Nathan, surtout axée autour des femmes qui
l’ont toutes aidé à rendre sa vie plus agréable, plus supportable, sa mère, sa
fille, ses conjointes…
Vieillard aigri et alcoolique, le personnage aurait pu n’être qu’une caricature
de personnages rencontrés cent fois ailleurs, mais non. Au fil des pages, la
narratrice dévoile l’humanité et la fragilité de cet homme qui souffre avec le
peuple qu’il a appris à connaitre et qui l’a adopté. Ce peuple qu’il a essayé
d’aider du mieux qu’il le pouvait toute sa vie, sans jamais y parvenir
suffisamment à son goût.
Cette humanité, elle parait aussi chez
tous les autres personnages du récit, présentés avec empathie et tendresse dans
toute leur imperfection. On sent là chez l’autrice un profond amour des autres,
un désir sincère d’aller vers elles et eux pour les écouter.
Le récit fragmenté, habilement construit et parsemé de références qui se
croisent entre les différentes parties, dévoile les péripéties du personnage,
mais raconte aussi l’histoire de ce jeune pays. Et ce tableau se construit par
fines touches subtiles, avec des références historiques qui servent le récit
(l’indépendance, l’esclavagisme, le régime Duvalier, les tontons macoutes, le
goudougoudou de 2010…), plutôt que de l’alourdir. Les passages en créole et les
allusions au vaudou accentuent aussi ce portrait, sans jamais tomber dans
l’exotisme gratuit et racoleur. Tout est fait avec délicatesse et sensibilité.
Pour un premier roman, c’est une réussite.
P.S. : On pourra me reprocher de ne pas être objectif ici, puisque l'ouvrage
est publié par la maison d'édition qui me publie aussi, mais je ne m'en cache
pas.
Nathan (2023) – Marie-Eve Nadeau - Éditions Mains libres - 218 pages
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