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2 août 2025

La Méduse - Boum - Pow Pow


Encensé par la critique et déjà récompensé par plusieurs prix (Prix des libraires 2024, Grand Prix Québec BD Bédéis causa 2023 et Prix BD des collégiens 2024 entre autres), ce roman graphique m'a vraiment charmé.

L'histoire d'Odette est touchante. On assiste, en l'espace de quatre saisons, à l'évolution des troubles visuels dont souffre la jeune libraire. Le récit simple présente habilement les effets de la progression physique et psychologique de la cécité, réalité dont on entend peu souvent parler. 

Le traitement se révèle aussi profondément original. Les dessins sont clairs et précis et rappellent un peu le style des mangas. Le découpage et le cadrage sont variés, l'autrice maîtrise bien les différentes techniques (gros plan, champ-contre-champ) pour rendre plus dynamique son récit. L'oeuvre, imprimée en noir et blanc, exploite bien les dégradés et les jeux d'ombre et de lumière. Tout cela crée une impression d'intimité qui nous rapproche du drame vécu par le personnage principal et illustre bien toute la gamme d'émotions qu'elle traverse.

Et cette fameuse méduse, cette tache noire qui pollue chaque case et se multiplie au fil des planches... cette présence envahissante nous permet de bien saisir l'intensité et la persistance du problème qui affecte l'humeur d'Odette et va changer sa vie.

Vraiment, une superbe lecture.


La méduse - Boum - Pow Pow - 2022 - 228 pages

 

28 juillet 2025

La grosse laide - Marie-Noëlle Hébert

Avec ses superbes dessins crayonnés, cette BD mérite toute l'attention qu'on lui a accordée (prix des libraires 2020). Le jeu d'ombres rend vraiment bien toute l'intensité du drame qui se joue dans la vie de la jeune narratrice du récit.

Les commentaires désobligeants du père sur l'apparence physique de la jeune fille, "grosse torche", "grosse truie", accentuent sa dysphorie corporelle. Nous assistons à toute la détresse psychologique qui découle de ces commentaires. Malgré le sujet qui pourrait être lourd, la BD reste agréable à lire, car il y a aussi de beaux moments de bonheur qui viennent contrebalancer l'ensemble. Et tous ces sentiments sont admirablement rendus dans la multiplication des gros plans du visage de la narratrice.



Le découpage du scénario est parfois lent, mais ce n'est pas un défaut, loin de là. En prenant le temps de s'attarder aux détails, les cases donnent une profonde impression d'intimité et procurent au récit une certaine douceur poétique. 

C'est un roman graphique très réussi, qu'on prend le temps de découvrir avec lenteur.

Je regrette une seule chose, l'exemplaire que j'ai lue comportait des problèmes de surimpression qui nuisaient à la lecture. Si vous achetez la BD, vérifiez les pages 81, 85 et 86, pour vous assurez de ne pas avoir le même problème.



Sinon, c'est une BD qui mérite vraiment de figurer dans toute bonne bibliothèque.

La grosse laide - Marie-Noëlle Hébert - XYZ - 2019 - 104 pages
 

9 juillet 2025

La cité oblique - lecture en cours

Roman graphique qui associe l'univers fantastique de l'écrivain américain Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) à l'histoire hallucinée de la ville de Québec.

Les illustrations, comme toujours avec Christian Quesnel, sont superbes, dans un style très expressionniste et personnel, et reprennent très bien les éléments de la mythologie de Lovecraft. Si vous ne connaissez pas encore le travail de Quesnel, je vous invite à découvrir ces autres ouvrages (Lac-Mégantic, Dédé ou encore Dracula) tout aussi excellents.

Je connais moins la scénariste, Ariane Gélinas, mais c'est une plume reconnue et bien établie dans le milieu de la SF québécoise. Elle a notamment publié plusieus romans chez l'éditeur Alire, spécialisé dans la littérature dite "de genre" (policier, fantastique, science-fiction) en plus d'être très active dans des revues comme Solaris. Son travail d'intégration des éléments de l'univers de Lovecraft à l'histoire du Québec est aussi remarquable, et on constate que l'autrice maitrise parfaitement bien son sujet.


La cité oblique, Chritian Quesnel et Ariane Gélinas, Alto, 168 pages.

26 juin 2025

Lecture en cours


 Après avoir lu son recueil sur la création, j'ai eu le goût de découvrir la plume de l'autrice américaine. Ce livre, encensé par Ophra Winfrey à sa sortie en 1996, est un de ses plus connus. 

Le roman raconte, comme souvent chez Oates, un drame qui va bouleverser la dynamique relationnelle d'une famille apparemment parfaite de l'état de New-York après un événement tragique survenu pendant la nuit de la Saint-Valentin 1976.

C'est une vaste fresque de l'Amérique profonde, qui s'étire sur plus de vingt ans, qui nous permet de suivre l'évolution de chaque membre de cette famille tourmentée.

Un roman terriblement d'actualité, en cette ère Metoo, qui encourage les femmes à dénoncer leurs agresseurs.

https://www.leslibraires.ca/livres/nous-etions-les-mulvaney-joyce-carol-oates-9782253157502.html?a=1954

23 juin 2025

Lecture en cours - littérature québécoise - essai


Des entretiens avec de grands créateurs, ça m'intéresse toujours. Et Lise Gauvin est au Québec une référence incontournable en la matière.

Ici, on retrouve notamment de longs entretiens avec quelques géants de notre littérature, Gaston Miron, Marie-Claire Blais et Anne Hébert... un ouvrage essentiel pour ceux et celles qui s'intéressent aux arcanes de la création et à la figure du créateur.

Créer écouter Portraits d'artistes et d'écrivain.es

20 novembre 2024

L'enragé - Sorj Chalandon - Grasset


Dans les années 30, à Belle-Ile-en-mer en Bretagne, plusieurs enfants vivent dans ce qu'on appelle une colonie, mais qui en fait un véritable bagne. Les conditions de vie y sont misérables, les enfants sont battus, maltraités et entre eux la loi du plus fort s'applique sans émotion.

Le début du roman est lent et un peu aride. On assiste à la vie quotidienne de la prison, les noms se multiplient, les termes maritimes et certaines références historiques ralentissent la lecture. La routine devient un peu ennuyeuse, la violence scandaleuse, mais cela s'harmonise tout à fait avec le propos du texte.

Dès que survient l'émeute et l'évasion, le rythme s'accélère et la véritable histoire commence, celle de Jules Bonneau qui doit vivre dans la clandestinité, au sein d'une nouvelle famille qui lui apprend sinon l'amour, du moins la confiance.

Le destin de Bonneau est pénible, la haine reste toujours ancrée profondément en lui, et sa conversion n'est pas simple.

Basée sur des faits historiques, le récit fascine et laisse des traces dans la tête du lecteur. Toute cette souffrance, toute cette violence, toute cette impuissance.

C'est un beau roman, un peu lent dans sa progression, mais qui vaut vraiment la peine d'être lu.

Et si vous voulez mieux connaître Chalandon, n'hésitez pas à lire Le quatrième mur et Profession du père, deux autres excellents romans.

L'enragé (2023) - Sorj Chalandon - Grasset -  403 pages