12 décembre 2024

Grand prix du livre de Montréal 2024

 


Très content d'apprendre que le Grand Prix du livre de Montréal a été remis cette année à la grande écrivaine québécoise Élise Turcotte. C'est une autrice que j'ai découverte quand elle a été en nomination pour le prix littéraire des collégiens en 2008 avec Pourquoi faire une maison avec ses morts. Depuis, je lis chacune de ses publications et chaque fois elle me surprend en explorant de nouvelles voies. 


20 novembre 2024

L'enragé - Sorj Chalandon - Grasset


Dans les années 30, à Belle-Ile-en-mer en Bretagne, plusieurs enfants vivent dans ce qu'on appelle une colonie, mais qui en fait un véritable bagne. Les conditions de vie y sont misérables, les enfants sont battus, maltraités et entre eux la loi du plus fort s'applique sans émotion.

Le début du roman est lent et un peu aride. On assiste à la vie quotidienne de la prison, les noms se multiplient, les termes maritimes et certaines références historiques ralentissent la lecture. La routine devient un peu ennuyeuse, la violence scandaleuse, mais cela s'harmonise tout à fait avec le propos du texte.

Dès que survient l'émeute et l'évasion, le rythme s'accélère et la véritable histoire commence, celle de Jules Bonneau qui doit vivre dans la clandestinité, au sein d'une nouvelle famille qui lui apprend sinon l'amour, du moins la confiance.

Le destin de Bonneau est pénible, la haine reste toujours ancrée profondément en lui, et sa conversion n'est pas simple.

Basée sur des faits historiques, le récit fascine et laisse des traces dans la tête du lecteur. Toute cette souffrance, toute cette violence, toute cette impuissance.

C'est un beau roman, un peu lent dans sa progression, mais qui vaut vraiment la peine d'être lu.

Et si vous voulez mieux connaître Chalandon, n'hésitez pas à lire Le quatrième mur et Profession du père, deux autres excellents romans.

L'enragé (2023) - Sorj Chalandon - Grasset -  403 pages


22 octobre 2024

Prix Ringuet 2024


L'académie des lettres du Québec vient de dévoiler les finalistes pour le prix Ringuet, qui récompense depuis 1983 un roman ou un récit de grande qualité.

Les trois oeuvres en lice cette année sont : 

Pascale Beauregard Muette (Boréal) 

Louis-Daniel Godin Le compte est bon (La Peuplade)  - le livre a aussi été réédité dans la collection Bibliothèque québécoise, en format poche

Audrée Whilelmy peau-de-sang (Leméac)


8 février 2024

6 février 2024

Dédé - Christian Quesnel - Libre expression


Je suis en train de lire Dédé de Christian Quesnel, c’est une œuvre magnifique, tendre et humaine. Images d'archives, textes tirés des carnets de Dédé, témoignages intégrés de ceux et celles qui l'ont connu. C'est un travail merveilleux. Si vous êtes fan, passez pas à côté de ça.

Dédé (2023) - Christian Quesnel - Libre expression - 120 pages


20 janvier 2024

Les marins ne savent pas nager - Dominique Scali - La Peuplade


Véritable voyage dans l’imaginaire, ce roman possède peu de comparables en littérature québécoise. C’est une bonne brique, oui, mais le sujet mérite un tel déploiement et permet une réelle plongée dans le fabuleux univers maritime de l’ile d’Ys.

Au début du livre, une carte géographique des lieux fictifs et une ligne temporelle annoncent la profonde originalité de l’univers du roman ainsi que sa cohérence. Certains lecteurs pourraient être au premier abord désemparés par cette plongée dans l’inconnu, mais il faut accepter de se laisser guider par le récit, comme on se laisse porter par les vagues de la mer. Et on finit par comprendre, reconnaître et s’habituer aux références du texte.

Si on annonce dès le début que le récit vise à reconstituer la vie de Danaé Poussin, c’est tout le fonctionnement de la société yssoise de cette époque (fin du XVIIIe siècle ?) qui est finalement décrite. Car les personnages s’accumulent tout au long du livre, dans une galerie riche et impressionnante qui révèle toutes les tensions qui existent entre les habitants privilégiés, qui vivent à l’abri derrière les murs de la cité, et les autres, qui doivent survivre sur les rivages inhospitaliers de l’île.

La maîtrise du métalangage maritime de Scali est hallucinante. Les descriptions des navires, des manœuvres maritimes et de la mer reflètent un travail de recherche colossal et une connaissance pointue du sujet abordé par l’autrice. Si j’ai souligné souvent des termes dont la signification m’échappait (tillac, lamanage, caboteur, tourmentin, foc, lof…), il ne faut pas voir ce vocabulaire comme un obstacle à la lecture, mais comme un élément essentiel au décor. La mer est un des sujets principaux du roman, on en découvre toute la beauté, mais aussi toute la fureur. La mer donne beaucoup aux pêcheurs, mais elle prend souvent aussi aux familles vulnérables.

Le premier opus de Scali, À la recherche de New Babylon (2015), un roman-western, mérite lui aussi le détour si vous ne l’avez pas déjà lu. Et c’est certainement une autrice que je suivrai dans les prochaines années. 

Les marins ne savent pas nager (2022) – Dominique Scali - La Peuplade - 708 pages

Le livre est aussi disponible en deux tomes, chez Folio

 


17 décembre 2023

Nathan - Marie-Ève Nadeau - Mains libres


Ce roman, à travers la vie de l’anthropologue Nathan Rosenthal, nous propose un merveilleux voyage en Haïti.

Les aventures de ce personnage sont d’ailleurs à l’image de l’histoire de ce pays, chaleureuses, excentriques et tumultueuses. Fils d’un musicien new-yorkais d’origine juive et d’une mère d’origine haïtienne, Nathan s’installe sur la perle des Antilles pour ses recherches universitaires et n’en repartira plus qu’épisodiquement. Le roman raconte les différentes vies de Nathan, surtout axée autour des femmes qui l’ont toutes aidé à rendre sa vie plus agréable, plus supportable, sa mère, sa fille, ses conjointes…
Vieillard aigri et alcoolique, le personnage aurait pu n’être qu’une caricature de personnages rencontrés cent fois ailleurs, mais non. Au fil des pages, la narratrice dévoile l’humanité et la fragilité de cet homme qui souffre avec le peuple qu’il a appris à connaitre et qui l’a adopté. Ce peuple qu’il a essayé d’aider du mieux qu’il le pouvait toute sa vie, sans jamais y parvenir suffisamment à son goût.

Cette humanité, elle parait aussi chez tous les autres personnages du récit, présentés avec empathie et tendresse dans toute leur imperfection. On sent là chez l’autrice un profond amour des autres, un désir sincère d’aller vers elles et eux pour les écouter.
Le récit fragmenté, habilement construit et parsemé de références qui se croisent entre les différentes parties, dévoile les péripéties du personnage, mais raconte aussi l’histoire de ce jeune pays. Et ce tableau se construit par fines touches subtiles, avec des références historiques qui servent le récit (l’indépendance, l’esclavagisme, le régime Duvalier, les tontons macoutes, le goudougoudou de 2010…), plutôt que de l’alourdir. Les passages en créole et les allusions au vaudou accentuent aussi ce portrait, sans jamais tomber dans l’exotisme gratuit et racoleur. Tout est fait avec délicatesse et sensibilité.
Pour un premier roman, c’est une réussite.

P.S. : On pourra me reprocher de ne pas être objectif ici, puisque l'ouvrage est publié par la maison d'édition qui me publie aussi, mais je ne m'en cache pas.


Nathan (2023) – Marie-Eve Nadeau - Éditions Mains libres - 218 pages

2 décembre 2023

La sainte paix - André Marois - Héliotrope

 


Ce roman, bien qu'il soit publié dans une collection consacrée aux polars, s'apparente plutôt à une parodie du genre qu'à un véritable récit policier.

Et cela, pour notre plus grand plaisir, car l'histoire est drôle et le caractère du personnage principal savoureux.

Dans un rang éloigné, en plein cœur de la forêt, Jacqueline, une retraitée de Radio-Canada, écoule ses vieux jours dans le calme de sa maison.

Le jour où elle apprend que sa voisine Madeleine est malade et qu'elle envisage de vendre, Jacqueline devient obsédée par la perspective de devoir accueillir de nouveaux voisins. Prête à tout pour conserver "sa sainte paix", elle manigance afin d'éviter cette catastrophe. Et là, évidemment, tout dérape.

Malgré la planification maniaque de Jacqueline, rien ne se passe comme prévu. Le policier désœuvré du coin s'intéresse un peu trop à l'affaire, une agente de la faune à la recherche de braconniers intervient et Albin, l'homme de main de Madeleine, révèle peu à peu sa véritable nature.

Certaines coïncidences un peu trop exagérées pourraient agacer quelques amateurs de polar, mais il s'agit là selon nous d'un procédé qui accentue le caractère humoristique de l'histoire, car oui, c'est un roman très drôle.

Il s'agit d'une lecture parfaite pour se divertir, un roman que vous lirez en quelques heures à peine. Un choix parfait pour les vacances qui s'en viennent. #heliotrope #littqc #littératurequébécoise #romanqc #littérature

La sainte paix (2023) - André Marois -  Héliotrope - 208 pages

Nouvelle acquisition