Dans les années 30, à Belle-Ile-en-mer en Bretagne, plusieurs enfants vivent dans ce qu'on appelle une colonie, mais qui en fait un véritable bagne. Les conditions de vie y sont misérables, les enfants sont battus, maltraités et entre eux la loi du plus fort s'applique sans émotion.
Le début du roman est lent et un peu aride. On assiste à la vie quotidienne de la prison, les noms se multiplient, les termes maritimes et certaines références historiques ralentissent la lecture. La routine devient un peu ennuyeuse, la violence scandaleuse, mais cela s'harmonise tout à fait avec le propos du texte.
Dès que survient l'émeute et l'évasion, le
rythme s'accélère et la véritable histoire commence, celle de Jules Bonneau qui
doit vivre dans la clandestinité, au sein d'une nouvelle famille qui lui
apprend sinon l'amour, du moins la confiance.
Le destin de Bonneau est pénible, la haine
reste toujours ancrée profondément en lui, et sa conversion n'est pas simple.
Basée sur des faits historiques, le récit
fascine et laisse des traces dans la tête du lecteur. Toute cette souffrance,
toute cette violence, toute cette impuissance.
C'est un beau roman, un peu lent dans sa
progression, mais qui vaut vraiment la peine d'être lu.
Et si vous voulez mieux connaître
Chalandon, n'hésitez pas à lire Le quatrième mur et Profession du père, deux
autres excellents romans.
L'enragé (2023) - Sorj Chalandon - Grasset - 403 pages