L'autrice a déjà prouvé dans le passé qu'elle maîtrise parfaitement bien le récit bref, avec son recueil « La mort de Mignonne et autres histoires »(2005), mais avec ce nouvel opus, elle se surpasse. C'est un recueil intelligemment construit, avec plusieurs échos entre les nouvelles dans lesquelles on voit évoluer les personnages. Par cet aspect, le livre fait penser au recueil « La héronnière » (2003), dans lequel Lise Tremblay utilisait à peu près le même procédé. Comme souvent chez Poitras, dans une langue riche et poétique, les chevaux sont à l'honneur et la relation entre la bête et la cavalière toujours aussi sensuelle. Mais l'humain et sa relation avec les autres prend aussi beaucoup de place. Et c'est dans cette oeuvre que Poitras la femme se dévoile le plus, je trouve. On sent que la frontière entre le personnage et l'écrivaine est parfois très mince, et cela donne une touche intimiste à l'ensemble. Comme si Poitras nous révélait quelques étapes importantes de son parcours des dernières années et, avec encore une certaine pudeur, une partie de sa vie personnelle. Le recueil se clôt d'ailleurs sur un texte qui relève plus de l'essai que de la nouvelle, texte qui dévoile quelques aspects plus personnels sur la place que prend l'écriture dans la vie de la créatrice. Un recueil que je vous recommande chaudement, d'autant plus qu'il vient de remporter le prestigieux prix du Gouverneur général dans la catégorie genre narratif.
Galumpf (2023) - Marie Hélène Poitras - Alto - 200 pages